La Baroudeuse unpaved race 2019






Pourquoi un ultra ?


Cela fait quelques années que ce format m'attire mais des soucis de genoux récurrents m'ont toujours fermé les portes des ultra. Fin 2018 je vois passer une publication sur l'ouverture des inscriptions pour  la Baroudeuse... Je vais sur le site et tombe sur le parcours, whouaou c'est ça qu'il me faut, de la belle montagne et pas de plat ! Et si c'était le bon moment de faire un ultra ? Je m'inscris !
Je souhaitais vivre un enchaînement de grosses journées de vélo sans aucune autre interruption que le sommeil et les arrêts ravitaillement, moi, mon vélo et la nature, rien d'autre !  J'avais déjà fait quelques balades similaires mais soit courte comme la géobike off en Ardèche sur 2 jours avec YannPolo et quelques potes, soit sur 4 jours, le Tour du Mont Blanc avec Tito Tomasi  et le Tour du Queyras avec nuits en refuge. Là je voulais du roots, du sauvage, une communion entre la nature et moi sur un effort long pour en accentuer le ressenti.



Mes objectifs sur la Baroudeuse.

Le plaisir bien sûr, il est mon principal moteur !
Je suis également à la recherche de nouvelles sensations, émotions, j'aime explorer les profondeurs de mon mental, aller puiser aux profondeurs de ce qu'il peut nous offrir, cet organe qui semble infini, en chercher les limites, mes limites, voir jusqu'où je peux aller.
Autant les limites physiques sont assez rapidement atteintes et cernées, mais l'esprit avec toute l’énergie qu'il dégage dès lors qu'on le sollicite un peu, c'est fascinant !
Pousser mon corps dans ses retranchements (enfin, si mes genoux le veulent bien !), je pense en avoir fait le tour, tout du moins en terme de pédalage, mais sait on jamais. Il me réserve peut-être de belles surprises !
Le partage !
En effet j'ai réussi à enrôler Lucie et Yann sur la Baroudeuse, bon je l'avoue cela a été facile. Mais c'est tellement plaisant de se préparer pour une telle épreuve avec des amis, cela décuple le plaisir. Seul, je ne pense pas que ma motivation eut été si forte, donc merci les amis d'avoir partagé ces bons moments !
Le microcosme du bike packing m'attire depuis plusieurs années, et le découvrir de l'intérieur en vivant pleinement l'aventure me motivait comme un gosse, que je n'ai pas cessé d'être d'ailleurs. J'ai lu beaucoup de cr d'ultra, notamment ceux de Patricia Berthelier qui m'ont fortement donné envie, ce côté mental qui divague et se perd dans des méandres m'attirant beaucoup. Hors de question pour moi de dormir à l’hôtel ou de manger dans un restaurant, j'aime le roots, le brut, le zéro confort, l'inconfort physique me conditionne mentalement et j'aime ça !
Le parcours de la Baroudeuse était comme une évidence pour moi, je suis passionné de montagne, caillasse, beaux paysages, chaleur, tous les ingrédients étaient réunis pour mon plus grand plaisir.




Le parcours

Je connais l'arrière pays Niçois, enfin surtout les singles car les pistes ne m'attiraient guère avant le gravel; je sais qu'il est très minéral avec des gorges bien encaissées. J'avais roulé un peu sur le Ventoux avec Clément et Yann, mais le reste m'était inconnu . Ne connaissant pas Cédric,  j'ai naïvement pensé qu'avec son passé de triathlète il aurait orienté son parcours sur des pistes roulantes. Ah ah oui là pour le coup je me suis bien trompé, et moi comme la plupart des participants avons été bien surpris du parcours, il était plein de surprises  😊
Alors gravel ou vtt ? Pour moi c'est du gravel fat, avec un peu de piquant pour ne pas s'ennuyer sur des chemins trop roulants et rapides, même si la limite est mince et parfois plutôt vtt mais jamais rien de méchant . Enfin c'est mon avis, il y aura certainement autant d'avis que de participants.
Comme toujours des chiffres bruts ne veulent pas dire grand chose, même si 1150 kms et 30000 de D+ en moins de 9 jours ça cause quand même, mais si le parcours avait été roulant la donne aurait été toute autre ! Là les montées était truffées de cailloux instables interdisant le roulage, très énergivores car même les chaussures ripaient, le vélo partait également et un effort supplémentaire devait être fourni à chaque pas, ou alors c'était la pente trop forte qui interdisait tout roulage. Même les parties "roulables " sont très éprouvantes car ce sont des voies empierrées qui secouent et brassent énormément le pilote.
La devise de la Baroudeuse est "une montée après l'autre ", je n'y avais pas prêté attention avant le départ, mais à l'arrivée Cédric me l'a rappelée et elle prenait dès lors tout son sens !
Et effectivement le parcours est une succession de montées / descentes,  j'étais venu pour ça car je n'aime pas le plat et adore autant les montées que les descentes, je n'ai pas été déçu ! Les paysages sont superbes et variés, alternant caillasses à gogo en plein soleil, passages en bord de rivières, forêts de résineux, chênes, hêtres, gorges immenses et sauvages, sommets mythiques, champs de lavande, lacs, quelques singles en montagne, descentes rapides, cassantes, bien pentues, d'autres nécessitant un pilotage fin... Bref, une richesse incroyable condensée sur quelques jours.




La course

Etant mon premier ultra je ne savais pas du tout où j'allais . Avec mes soucis de genoux je ne pensais vraiment pas aller au bout, je pensais être contraint à l'abandon sur blessure. Je me suis dit : "Si je n'ai que des problèmes de fatigue à gérer c'est tout bon !"
Après une nuit sans sommeil, mes jambes le samedi matin étaient en coton, mais comme je sais que pour du long il ne faut absolument pas se mettre dans le rouge je suis parti gentiment, de toute façon je ne pouvais pas aller plus vite  😂
J'ai la sensation d'avoir subi le parcours tout du long, de ne jamais avoir eu de bonnes sensations. J'ai donc dû adopter un rythme lent voire très lent, même ultra lent !
Mais une règle de base sur du long est de toujours avancer coûte que coûte donc j'avance ! Et je suis allé au bout, en fait dès lors que je n'avais plus que des soucis de fatigue à gérer je savais que j'irais jusqu'à la fin. Le mental est mon point fort, il compense un physique assez moyen et surtout capricieux, en effet lorsque je décide d'aller au bout rien ne peut m'arrêter et plus les conditions sont difficiles plus je suis à l'aise. La course s'est arrêtée à Gap lorsque Cédric décida de proposer un retour par la route à Gap pour ceux qui le souhaitaient. En effet il s'est avéré que l'avancement des participants ne leurs permettrait pas de finir dans les temps, et il serait dommage de louper la fin qui est somptueuse en haute montagne. Je l'ai appris en arrivant au lac de Serre Ponçon par Hadrien Seigle qui est revenu sur moi, en fait entre les abandons et ceux qui ont coupé par la route je me retrouvais seul en course avec Maxime qui était loin devant, donc course finie pour moi, je n'avais plus qu'à rallier La Turbie. La bonne nouvelle était que Lucie était toujours en course, c'était une super nouvelle ! Car vu la difficulté du parcours je craignais qu'elle eut des soucis avec ses tendons plus tôt. La mauvaise nouvelle était que Yann ait abandonné, surtout pour un problème de selle ! Son projet de faire la Baroudeuse en jeûnant était ambitieux, je suis convaincu de la théorie du régime cétogène  mais de là à faire 1200 kms en montagne, sacré challenge ! Perso je ne suis pas prêt à tant de restrictions, supprimer les fruits de mon alimentation est un point bloquant que je ne souhaite pas m'infliger. Mais il vrai que sur la course, lorsque je vois le temps passé à chercher à manger, ensuite avec tous les soucis de digestion que cela occasionne, c'est un gain de temps énorme. Affaire à suivre, Yann ne va pas en rester là et nous réserve à coup sûr d'autres périples ! Guillaume craint la chaleur et vu les températures rencontrées les premiers jours, son abandon n'est pas étonnant.
La montée de Gréolière. Quel moment ! Sur la carte je ne l'avais même pas regardée avec ses 800 D+, ce devait être une montée comme une autre, mais encore une fois entre les chiffres et le terrain rien à voir. J'ai dû l'attaquer aux heures les plus chaudes de la journée, avec rien à boire dès le bas, normal quoi. J'ai fait l'erreur, l'énorme erreur, de passer une bonne partie en pédalant, le résultat ne tarde pas à venir avec un bon coup de chaud et une lente agonie vers le sommet. Je reviens malgré tout sur 2 participants en gravel encore plus mal que moi visiblement et sur Pierre Arnaud de Chiru et Ben Steurbaut, 2 coureurs que je ne pensais absolument pas rejoindre !
Nous avons eu droit à un magnifique sentier en balcon, bien joueur et ludique comme je les aime, vraiment superbe et plaisant à rouler.
J'ai assez peu roulé avec Yann, dès le départ il oublie son argent et repart donc au gymnase, il revient sur nous en arrivant sur Peille, puis dans la descente de Blausasc je le perds à nouveau et ne le reverrai que bien plus loin lors d'un passage de rivière qui sera l'occasion de nous baigner. Ensuite, moi terrassé par la fatigue et lui en bonne forme, je lui conseille de rouler à son rythme et lui assure que nous nous reverrons, mais la course en a décidé autrement et nous ne nous reverrons plus.
Arrivés sur le plateau ils ont sorti les gros développements et roulé fort, trop pour moi qui ne souhaitais pas forcer, j'ai donc déroulé tranquillement en les voyant s'éloigner au loin.
La course est encore très longue et je ne veux pas ajouter plus de fatigue que j'en ai déjà, elle me suffit amplement.
Et puis je les retrouve dans un des nombreux poussages, Ben semble au plus mal avec des crampes, nous faisons un bout de chemin ensemble et arrivons dans les gorges du Verdon au couché du soleil, c'était superbe. Mais encore une fois sur le plat ils roulent fort, je m'accroche un peu car mon gps s'est éteint, piles usées, mais au bout d'un moment je sens bien que cela m'oblige à faire des efforts de trop, donc je coupe et m'arrête pour changer mes piles.
Je souhaitais passer le premier CP à Moustier avant de dormir mais la fatigue en avait décidé autrement, je stoppe dans une montée et dors 3h.


Passage à Moustier de nuit puis à nouveau un long poussage durant lequel je croise Ben et Pierre André qui se réveillent, "Salut les gars, à tout à l'heure !", je savais très bien qu'ils allaient me rattraper sur le plat. Et il y en a eu du plat et sur route, pour mon plus grand bonheur, moi qui d'habitude déteste ça ! Champs de lavande à perte de vue au lever du jour ça cause quand même !
Le Mont Ventoux, mythique sommet, que j'aborde de nuit par la piste non roulante versant Est jusqu'au chalet Reynard, le plus dur sera les longs faux plats interminables qui suivent la montée, je ne pensais jamais arriver au chalet. La descente est par contre plutôt roulante et je lâche les freins, trop.... jusqu'à la crevaison, j'aurais dû assurer et garder une marge de sécurité mais c'était tellement bon de rouler pleine balle .

La douleur aux fesses est bien présente et m'oblige à pousser plutôt que pédaler, je ne pensais pas être vulnérable à ce point. Encore une première pour moi, normalement je ne suis pas sensible du séant mais là il sait me rappeler que tout est important sur du long et que le moindre petit souci peut vite s'avérer compliqué et même compromettre la poursuite de la course.

Les Baronnies ont été bien difficiles également mais traverser des vergers, proches de rivières sans bruit ni personne cela m'a fait le plus grand bien, ressourçant même. Le chant des cigales devenait pesant, oppressant, autant que le soleil de plomb, limite agressif tellement mes tympans saturaient de tout ce vacarme permanent.


Humm il est quelle heure  ?
2h30, ça fait qu'une heure de sommeil je dois dormir au moins 5h pour ne pas encore subir la fatigue sur le vélo.
.......
Humm il est quelle heure ?
3h30, allez encore 3h et c'est bon. Je suis cassé, le sol très caillouteux me défonce l'épaule, la hanche et le genou, mais il faut dormir quand même.
6h30 je dois me lever, déplier mes genoux est difficile, ils sont grippés, dormir sur un sol jonché de cailloux n'est pas des plus agréables même si cela se fait plutôt bien au final.
J'ai dormi à 1600 m d'altitude, la température qui s'avère douce et sans rosée du matin m'a permis de dormir et récupérer, pas assez mais suffisamment pour repartir. J'ai finalement bien choisi mon emplacement de bivouac. Allez go !



Le Parpaillon a été un long chemin de croix pour moi, le manque de sommeil m'écrasait de toutes ses forces, m'obligeant à de multiples siestes, je voyais le tunnel, il était là, juste là, à quelques mètres, mais je titubais à nouveau, ivre de fatigue, ivresse qui m'accompagnera tout du long telle une bonne amie mais dont j'aimerais bien me séparer. J'ai à nouveau dû m'allonger pour recharger un peu mon capital énergie. Le décor était pourtant de toute beauté mais cela n'a pas suffi à me maintenir éveillé, je sombrais donc à nouveau au pays des marmottes





 La Bonnette au soleil couchant fut également un beau moment, point culminant du parcours avec ses 2800 m d'altitude, la beauté des lieux associée à la lumière chaude et rasante du soir était magnifique ! Ce n'est qu'à la nuit tombée que j'ai atteint le sommet, le vent y était fort et frais, à la descente il était de côté et les rafales me donnaient juste l'envie de ne pas traîner ici plus longtemps.



Le pic de la Colmiane , je le voyais comme un col de transition tout comme celui de Turini, mais dans les faits ce sont de vrais cols à ne pas négliger ! Avec 1250 D+ à gravir après le Parpaillon et la Bonnette j'ai à nouveau succombé aux siestes, mais là sur les bancs, ces merveilleux bancs où il suffit de poser le vélo et de s'allonger pour atteindre ce sommeil bienfaiteur et salvateur ! Je dors en général entre 20 et 30 minutes et repars aussitôt, et oui il faut avancer encore et toujours ! Je commence à descendre et réfléchis que je devrais faire le plein de nourriture à St Martin de Vésubie, car ensuite il n'y aura plus rien tout du moins, pas à mes heures de passage, je mettrai le tout dans mon sac à dos, mon sac à dos........ il est où d'ailleurs ? Non je n'ai pas fait ça ! Je ne l'ai pas oublié au sommet, non je n'ai pas fait çaaaaa !!!!!! Je m'arrête un peu, dépité, et réfléchis si je remonte ou pas, si je ne remonte pas je gagne une bonne heure et de l'énergie par contre je prends le risque de tomber en panne sèche de carburant et perds mon sac acheté récemment, ou bien je fais l'aller retour et passe à autre chose. Je choisis donc la sécurité et fais l'aller retour !
L'avant dernière nuit fut magique, dans la descente du col de Turini la nuit était bien noire et sans bruit, je voyais scintiller des insectes dans le faisceau de ma lampe, je m'arrêtais pour voir de quoi il s'agissait, éteignit ma lampe et là ...... c'était incroyable ! Des lucioles partout, le ciel scintillait de mille feux au rythme de l'allumage de leurs abdomens, un moment magique  !
Le col de Tende et ses 1400 d+ s'est étonnamment bien passé, pas de siestes, et des jambes qui tournaient pas trop mal, ça faisait du bien de retrouver un peu de sensations même si cela n'a pas duré. La suite se situe entre 1800 et 2400 m  sur belle piste avec des panoramas sublimes, ponctués de petits singles et une variété de paysages qui dit que la nature est tout de même incroyable de diversité et de beauté. J'ai partagé ces lieux avec les marmottes, nombreuses et habituées à voir des humains, notamment les 4x4 et les motos qui sont nombreux là haut.





Monési ou le village fantôme, petit village station en Italie qui a semble-t-il subi des éboulements, notamment un pont coupant l'accès à une partie du village, une partie des routes et des maisons, tout semble s'être arrêté ce jour là et est resté dans l'état. Je me suis retrouvé face à une route barrée avec grillage et blocs en bétons, j'ai regardé sur la carte et constaté que je pouvais faire le tour en remontant au village puis passer par le pont, le fameux pont qui n'existait plus ! J'ai donc pas mal tourné en rond, fait du D+ et perdu pas mal d'énergie à trouver une solution. J'étais limite agacé, tout s'est rapidement solutionné après un appel à Cédric.



Je souhaitais finir, en finir avec cette lente agonie qui faisait de moi un pantin aux mains du sommeil, jouant avec mon corps comme une marionnette. Je décidai donc d’enchaîner de Saorge jusqu'à la Turbie, c'était long, très long, voire ultra long lorsque l'on avance pas ! La dernière bosse de 800 D+ me donne aujourd'hui le sourire, beaucoup moins dans l'instant, j'étais à nouveau terrassé par le sommeil et cette fichue envie d'en terminer. Mais l'évidence était là, je devais à nouveau encore succomber, je me suis donc allongé sur le lit de cailloux et j'ai dormi le quota nécessaire pour finir les quelques kilomètres à faire pour rallier l'arrivée.





La gestion

La gestion n'est pas la première chose qui me venait à l'esprit lorsque je pensais ultra,  je m'orientais plus volontiers vers une certaine échappée mentale, une découverte de nouvelles sensations émotionnelles. En fait il en fut tout autre, je devais en permanence gérer tout un tas de paramètres comme l'hydratation, l'alimentation, le GPS, le sommeil, le matériel, les batteries pour l'éclairage, le tracker, le gps, le téléphone, la fatigue, les bivouacs, les douleurs..... Ce qui au final m'a totalement interdit toute dérive mentale ou découverte émotionnelle. Ma quête reste inassouvie, il me faudra trouver autre chose pour la combler ! Peut-être trop court, ou pas assez dur pour arriver à cet état mental, je ne sais pas. Mon corps s'est en fait auto régulé très rapidement, empêchant toute dérive ou fatigue excessive (sommeil excepté bien sur !). Je ne suis jamais sorti de ma zone de confort mentale, physique non plus d'ailleurs, car je connaissais déjà les effets des grosses fatigues. J'ai par contre vécu des moments très forts et intenses comme hurler de joie lorsque les lieux, l'atmosphère et l'ambiance étaient d'une telle beauté que seul un cri venant des tripes pouvait être en accord.







Je hais le gps !

Je sais bien que pour ce type d’épreuve il n'y a pas d'autre solution à ce jour mais je le hais quand même.
Etre constamment obligé de surveiller ce fichu écran sous peine de devoir faire demi tour, et lorsque c'est une montée cela ne fait jamais plaisir. J'ai fait beaucoup d'erreurs de navigation, pour preuve j'ai 1190 kms au compteur pour 1150 annoncés ! Je n'aime pas cette contrainte constante et sous-jacente de l'outil électronique sur ma pratique du vélo, d'ailleurs je ne l'utilise jamais. Pour moi le vélo c'est la liberté d'aller où je veux quand je veux sans avoir à me trimbaler ce genre d'appareil asservissant.



Coralie et Cédric

Ils sont 2 à l'initiative de la Baroudeuse, j'ai appris à les découvrir lors de l'événement. Je n'avais pas d'a priori si ce n'étaient des suppositions dues au passé sportif de Cédric. J'ai été très agréablement surpris par leur passion commune du vélo, cela s'est ressenti sur le parcours, toujours à la recherche de beaux paysages ou bien de belles descentes ou tout simplement pour éviter une route sans intérêt. Ça fait vraiment plaisir de penser que des personnes puissent autant s'investir dans un projet pour faire profiter ou simplement découvrir une autre pratique du vélo dans un cadre magnifique. Je les remercie donc de nous donner la possibilité de faire un tel parcours dans de bonnes conditions  😊





L'après course

Je suis arrivé à 4h du matin,  je souhaitais finir et si possible en moins de 7 jours (à la base je visais 5 jours, mais avec mon état de forme d'alors, juste finir n'était pas si mal), c'est donc validé !
Je ne suis étonnamment pas fatigué, je ne ressentirai le manque de sommeil que dans l'après-midi. Je n'ai pas de douleurs particulières, et encore moins aux jambes ! Étonnant,  après une telle distance et autant de dénivelé positif et négatif,  je pense que d'avoir fait la course en étant déjà fatigué m'a préservé de tout sur-régime, en fait je pense que j'aurais pu continuer encore longtemps à ce rythme, qui était certes lent mais ne créait pas de fatigue supplémentaire. Les arrivants se succèdent et à chaque fois avec la banane, fatigués voire très fatigués mais toujours ravis d'être allés au bout d'eux même et avec la satisfaction d'avoir bouclé un parcours très exigeant.




Mes erreurs !

-Le sommeil

C'est mon premier ultra, je fais forcément des erreurs de débutant comme de passer une nuit blanche la veille du départ, déficit de sommeil qu'il me sera impossible de rattraper pendant la course et qui m'imposera de multiples siestes dans la journée, en fait je n'avais pas le  choix car je titubais comme si j'étais ivre, ivre de fatigue. Cette ivresse me devient familière, j'en apprends les signes et sais maintenant que je ne peux lutter contre, le combat est perdu d'avance, donc lorsque les signes apparaissent je me pose dès que je peux pour récupérer un peu d'énergie. Au début les bivouacs seront confortables et faciles à trouver mais dans certaines régions l'herbe est bien moins présente, ce seront les bancs qui m’accueilleront, ils s'avéreront efficaces car je n'ai plus mon sur-sac à sortir et même si c'est très rapide cela reste toujours trop long lorsque l'on est très fatigué. En fait je pense que le sommeil ou plutôt son déficit aura été pour moi le plus dur à gérer durant cette épreuve !

-L'hydratation

Je bois peu et supporte bien la chaleur, en fait j'adore ça. Mais sur du long il faut y apporter une attention toute particulière et ne pas penser qu'une course de 1200 km puisse se gérer comme une sortie à la journée. Je suis parti avec un seul bidon, d'habitude ça me suffit mais là lors de la première journée la température était bien élevée, et au bout de 5 ou 6h de roulage nous avons atteint la première longue montée. Celle qui mène à Greoliere, un long, très long chemin qui s'avérera redoutable pour une bonne partie des participants ! J'ai fait l'erreur de l'attaquer sans eau dès le bas,  ensuite j'ai pas mal monté sur le vélo (deuxième erreur !), j'ai énormément transpiré ce qui est rare pour moi. Au final je me suis bien déshydraté et j'ai eu des crampes, une première pour moi ! Je n'en avais jamais eues auparavant, en fait ça fait mal, mais je ne me suis pas arrêté pour autant et ai continué ma progression, plutôt lente ! J'ai eu du mal à récupérer ce coup de chaud, j'aurais peut-être mieux fait de faire une bonne pause au sommet avant de repartir. La suite du parcours ne m'a pas posé de problème côté hydratation,  j'ai donc été plus attentif et m’efforçais de boire plus régulièrement.

-Le mal aux fesses

Je roule en short sans cuissard depuis de nombreuses années, je trouve cela bien plus agréable à porter. Mais là en roulant en moyenne 20h par jour les repères ne sont plus les mêmes. J'avais validé ma tenue sur une sortie de 48h et tout allait bien en roulant à 90% en danseuse dans les bosses, le souci est que j'avais fini avec de fortes douleurs aux genoux, qui sont mon point sensible. A 3 semaines du départ cela chamboulait tous mes plans et je devais trouver une solution pour palier à ces douleurs. Par quoi commencer ? J'ai d'abord supprimé le plateau ovale mais sans aucune conviction,  puis opté pour rouler d'avantage assis, même si cette position ne m'est pas du tout favorable car mon gabarit crevette ne me permet pas de forcer autant assis qu'en danseuse. Ce ne sera qu'à une semaine du départ que la solution m'est apparue, l'avancement des cales sur les chaussures ! En effet depuis quelques années je roule avec les cales reculées d'environ 5 à 6 mm pour éviter les douleurs aux chevilles lors des réceptions de sauts. Je modifie donc la position en espérant résoudre mes douleurs aux genoux, mais sans pouvoir valider quoi que ce soit avant le départ !
Je suis donc parti en short comme d'habitude et aussi sans maillot de bain, que je porte quasi tout le temps car j'adore me baigner dans les rivières en cours de route. J'ai eu de bonnes douleurs aux fesses à partir du deuxième jour à tel point que je me demandais comment j'allais pouvoir finir avec une telle douleur. J'ai pas mal cogité et la solution était pourtant évidente, il me fallait remettre le maillot de bain. Une fois remis j'ai tout de suite senti la différence, non pas que la douleur ait disparu mais au moins elle ne s'accentuait pas ! J'ai pu finir et même sentir une amélioration le dernier jour.





Conclusions

Je suis très satisfait d'avoir fait et fini cette Baroudeuse 2019, j'étais venu chercher des sensations et ce sont d'autres sentiments qui en ressortent,  le fait de me savoir capable de faire autant de kilomètres m'ouvre d'innombrables possibilités ! J'aime également beaucoup cette ambiance du bikepacking ultra,  alliant convivialité et dépassement de soi.
La Baroudeuse créée par Cédric et Coralie est vraiment une belle épreuve de passionnés pour des passionnés avec un parcours assez incroyable et magnifique.
Maintenant la course finie, je dois dire que je n'ai pas eu le temps de m'évader mentalement tellement ce type de course nécessite une gestion de chaque instant ! Mais une certaine satisfaction est née, un accomplissement personnel, cela m'ouvre des portes vers d'autres expériences et ça c'est vraiment motivant  !
Physiquement je n'ai jamais été dans le coup, sauf sur 2 demies journées, mais le reste s'est fait en mode épuisé en manque de sommeil. J'ai eu un gros pic de forme début juin et en ai profité et abusé, je pensais pouvoir récupérer voire sur-compenser avec 3 semaines de repos, mais mon corps en a décidé autrement ! J'aimerais bien vivre cette aventure en étant en forme, cela doit être complètement différent ! Même si je me pose la question sur mon physique qui ne semble pas trop adapté à ce genre d'efforts.
Je ne sais pas si j'en ferai un autre, il faut une forte motivation pour faire une telle épreuve  ! Et puis il me faut trouver un parcours qui me plaise et ça c'est pas évident du tout. D'autant que le vtt en montagne me procure bien d'avantage de sensations, mais aucun ultra n'existe dans ce domaine, tout du moins dans celui où je me fais plaisir !








Améliorations pour un éventuel ultra

Si l'idée saugrenue de refaire un ultra me prenait subitement, je changerais 2/3 choses.
D'abord la source d'énergie électrique avec un moyeu dynamo qui apporte quand même une sérénité d'esprit pour recharger tous les appareils électriques et électroniques qui sont  quand même assez nombreux.
Une meilleure préparation, non pas dans l'optique de faire un quelconque temps mais avant tout pour ne pas subir le vélo, notamment au niveau de la selle, mieux gérer le sommeil qui m'a été fatal cette année (même si cela semble compliqué dans le sens où je ne suis tout de même un gros dormeur)
Les pneus, je partirais avec les g-one sauf si la distance dépasse les 1500 kms (limite d'usure pour le pneu arrière)
Je prendrais une soft flask de 500 ml en complément de mon bidon de 750 ml pour parer à d'éventuelles grosses chaleurs.
Un gps avec une boussole électronique car le mien demandait une anticipation trop contraignante et une fois à l'arrêt impossible de savoir où je devais aller .

Et pourquoi pas me faire un beau cadre acier Salamandre pour l'occasion !




Projet 

Cette Baroudeuse m'a donné envie, envie de reprendre un projet laissé de côté car la motivation n'était plus là. Non pas que je n'avais plus envie mais parce que je n'avais trouvé personne pour partager ces moments. Mais aujourd'hui je me dis qu'il y a forcement quelqu'un qui partage la même passion que moi, il suffit de le ou les trouver, donc je vais relancer mon projet.
A la base l'idée était d’enchaîner toutes les magnifiques descentes du Tanargue en Ardèche, elles sont toutes plus belles les unes que les autres, je les adore ! En 2017 j'ai fait le MTT5, Maxi Tanargue T5 ( T5 est une cotation sur la technicité des descentes, voir ici pour le détail ) soit 6000 d+ sur 80 kms en 48 h. Ces chiffres ne signifient pas grand chose mais je peux dire que le terrain est dur, très dur et exigeant et qu'il est important de récupérer dans les portages, pourtant pas faciles car la pente est raide et les marches bien hautes, mais les descentes sont encore plus physiques de part leur technicité et leur engagement !! L'erreur n'est pas admise et avec la fatigue accumulée, la concentration et surtout le relâchement mental doivent être à leur maximum pour tout passer à vélo sans encombres.
En 2018 j'ai lancé le projet MTFR, Maxi Tanargue, Fat, Rigolo, mais personne n'a adhéré ! Du coup moi même je n'étais plus motivé et je suis parti sur d'autres projets.
Je vais donc relancer le MTFR pour 2020 !




Le matériel

J'ai clairement opté pour être le plus léger possible, le poids est mon pire ennemi sur le vélo. Jusqu'à 12kg j'arrive encore à avoir de bonnes sensations, au delà je suis collé, là pour la Baroudeuse je suis à 15 kg avec eau et nourriture soit 3 kg de trop. Mais un poids de vélo seul ne signifie pas grand-chose, pour moi le plus important est le ratio poids pilote/vélo qui ne doit pas dépasser un certain pourcentage.
Le confort du bivouac n'est pas un problème pour moi, en fait je n'aime pas trop ça.




-Le cadre
J'ai utilisé mon "plastoc" générique que j'ai depuis 2011, avec lequel j'ai fait la Transvésubienne et le raid de la Meije (sur une journée), les 2 en mono vitesse à l'époque.
C'est un 29 carbone rigide avec une géométrie orientée xc, donc parfait pour faire du gravel

- Les roues
La roue avant est toujours la même depuis le montage, à savoir un moyeu Tune, jante Amc race et rayons cx ray, la roue arrière a été montée cette année par Fred de Cévènavélo avec une Crest, rayons cxray et un moyeu Amc  récupéré d'une roue de mon ancien fat.
Des montages légers, fiables et éprouvés, jamais eu de problème avec.

-Les pneus

J'avais validé les g one speed en 2.35 depuis plusieurs mois, ils sont confortables et permettent de lâcher les freins dans les descentes en toute sécurité, je n'ai jamais eu de soucis avec eux donc du tout bon. Et puis au montage de 2 pneus neufs quelques semaines avant le départ l'un d'eux a été impossible a monter, la tringle ne tenait pas sur la jante d'un côté ! Il n'était plus disponible rapidement à un prix abordable et cela me chagrinait de devoir payer le double pour un même produit. C'est alors que m'est revenue une conversation avec Yann sur un Compass qui existerait en 55mm, j'ai rapidement regardé les avis sur internet mais comme toujours on y trouve tout et n'importe quoi. La meilleure solution était donc de l'essayer !
Après montage il s'est avéré plus petit que prévu avec 52 et 53 mm, rien à voir avec le g one qui est plus large et plus haut de 7 mm.
De toute façon je n'avais plus le temps et je suis donc parti avec. A priori tout le monde était unanime au départ sur le fait que je n'avais quasi aucune chance de finir avec ce type de pneus,  raison de plus pour arriver au bout justement  ! C'est donc avec des pneus que je ne connaissais pas que j'ai pris le départ, au fil des kilomètres ils se sont avérés être plutôt bons en descente et en montée, seul leur ballon plus petit m'a limité dans les parties cassantes, le souci est qu'elles étaient plutôt majoritaires sur le parcours. J'ai donc fini avec juste une crevaison de l'avant dans la descente du Mont Ventoux mais c'était de ma faute car je descendais bien trop vite. Car sur ce type d’épreuve on ne gagne pas grand-chose à lâcher les freins, par contre on peut tout perdre ! J'ai eu ensuite une perte de pression du pneu arrière mais en fait c'était juste un manque de liquide car les flancs sont assez poreux, si je l'avais su j'aurais mis d'avantage de produit avant de partir.

-Pour le bivouac
J'ai juste pris un sur-sac appelé couverture de survie emergency bivvy.
C'est léger, pas encombrant, pratique à sortir et ranger et maintient une bonne température pour dormir, j'ai fait des test à 4°c, sous la pluie, plutôt satisfaisant.
Pas de matelas ni duvet car trop lourd et encombrant et surtout hors de budget pour avoir du matos performant.

- les vêtements 
Un ensemble short, maillot de bain, chemisette, chaussettes légères, chaussures Shimano MT3 avec semelles souples, casque vtt, que du matériel que j'utilise toute l'année en vtt qui est ma principale activité.
Une veste de pluie légère et respirante Endura, un pantalon de pluie D4 de randonnée, des sacs plastique pour les chaussures.
Un sac à dos très léger et étanche, dans les 100g au fond de la sacoche de selle pour avoir toujours de la nourriture même lorsque il n'y a plus de points de ravitaillement .

-La bagagerie
Une sacoche de cintre Ortlieb de 7 l, assez lourde mais tellement pratique au quotidien et parfaitement étanche.
Une sacoche de selle Miss Grape prêtée par Fred.
Une petite sacoche de cadre D4 pour tout le matériel de réparation et outils.

-Eclairage
Une lampe torche de 1000 lumens utilisée à mi-puissance, ça suffit amplement en gravel avec plusieurs accus de 3500 mha, j'en ai utilisé 3 pour les 6 nuits.
Une lampe frontale à pile pour le bivouac le soir.
Un petit éclairage arrière générique en mode clignotant qui fait bien le job.


Bon ride à tous et à toutes !

Commentaires

  1. Je crois que je n'avais jamais lu la partie "Projet" !.. On ne se connait pas beaucoup, mais ta façon de voir la montagne est belle et je la partage (même s'il est vrai que je la connais moins). J'aime comme toi le tanargue pour y avoir grandit dedans. Si tu relances ton projet MTFR, je serai heureux de t'aider et participer avec mon "demi fat" 🙂

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    1. Je ne sais pas si cela a marqué mon nom 😅 :
      Thibaud

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  2. Bravo pour ce bel engagement. T es passé par Pellissier et la mort d imbert, mon terrain de jeu quand je suis sur Dauphin, tout comme ton tour du Queyras et ton passage par l adroit et les Grangettes avant le lac du Lauzet et le col de Moussieres et sa dh du bois Durat. Vraiment chapeau pour cette maitrise et ce mental... y a rien comme vous le dites si bien 😉

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