La blessure, comment gérer ?

Intro

La blessure. Qu'elle soit issue d'une chute, une maladie, un problème de réglage ou bien un accident qui n'a rien à voir avec le vélo, le résultat est le même, ce n'est jamais facile à vivre, mais c'est un passage quasi obligatoire pour tout pratiquant de vélo. On y passe tous un jour ou l'autre, certains passent plus facilement cette épreuve que d'autres.
Encore une fois, ce n'est que mon ressenti, aucune vérité absolue dans mes propos, juste un vécu.


La chute

Elle est toujours bête, et dans la plupart des cas de notre faute, je dirais même toujours de notre faute puisque c'est une succession de nos décisions qui nous ont amené à cette chute. C'est moi qui ai pris la décision de venir rouler ce jour là, avec ce vélo que j'ai choisi, avec des potos que j'ai choisis, et c'est encore moi qui pilote le vélo, qui ai choisi cette trajectoire et pas une autre. Même si c'est un autre qui vient me percuter c'est bien moi qui ai fait le choix de me trouver à cet endroit précis à ce moment précis, si j'avais fait un autre choix je ne serais pas tombé ! La faute à pas de chance, au matériel ou à un autre rider n'est pas valable, il faut savoir assumer ses choix, c'est, je pense, la première étape; accepter le fait d'être tombé et de se blesser. Cela me rappelle une journée passée avec un multiple champion du monde amateur master VTT et cylo-cross, qui souhaitait faire part de son expérience. Il nous expliquait qu'il n'y a pas de hasard et ce sont toujours les mêmes qui tombent ou cassent du matériel, ces personnes ne font pas les bon choix au bon moment et n’apprennent pas de leurs erreurs, ils les reproduisent encore et encore, à contrario d'autres ne font quasi jamais d'erreur en course.
Pour une maladie l'approche est un peu différente même si là aussi elle est souvent induite d'une hygiène de vie ou d'un environnement que l'on a adopté. Le stress du travail, la vie de famille, les embouteillages, transports en commun, la nourriture industrielle avalée rapidement et en trop grande quantité car on a pas le temps... le manque d’activité physique en dehors du vélo, tout ça mis bout à bout génère une fatigue, une usure, une lassitude qui une fois sur le vélo pèse quoi que l'on fasse et peut aboutir à une chute ou une blessure voir une maladie. L'effet de groupe, vouloir suivre un rider plus expérimenté et plus fort techniquement nous pousse dans nos derniers retranchements et la chute n'est jamais loin. La fatigue physique, ne nous permet plus la maîtrise du pilotage, à ce moment on commence à subir le terrain et les erreurs de trajectoires s'additionnent. Vouloir faire un chrono en course ou bien un kom sur strava sont aussi des déclencheurs de chute, nous passons nos limites, il n'y a plus de marge dans le pilotage, et tant que l'on peut aller plus vite on en rajoute encore et encore pour quasi à chaque fois finir au sol !

La reconstruction

Une fois cassé, il faut se réparer, prendre le temps qui est nécessaire.
Déjà il faut accepter le fait d'être blessé ou malade, c'est je pense la première étape à franchir. Sur le papier c'est facile à dire mais pas toujours évident quand même, d'autant que le soucis majeur est avant tout de savoir exactement ce que l'on a. Dans le cas d'une chute en général c'est assez simple (quoique), mais dans le cas d'une douleur style tendinite ou d'une maladie bien souvent le diagnostic est long et vraiment pénible à obtenir. Difficile car nous avons beau avoir un système médical très performant, il existe tout de même pas mal de lacunes dans cette grosse machine. Obtenir le bon diagnostic pour notre problème est LE chemin de croix à parcourir avant de savoir enfin ce que l'on a exactement. Et c'est seulement à partir de cet instant précis que la reconstruction commence et pas avant, le soucis est que des fois cela peut prendre plusieurs mois avant d'avoir le bon diagnostic !
Le temps passé pour obtenir ce diag et surtout toute cette énergie perdue dans bien des cas sont plus néfastes que le mal d'origine, cela vous mine le moral, un pseudo état dépressif s'installe insidieusement et cela n'est pas bon.
C'est dans ces moments-là qu'il faut être fort et relativiser tout ce qui nous arrive, savoir faire une pause, prendre du recul et analyser le plus objectivement possible notre situation. L'entourage est capital, que ce soit la famille ou les amis ils nous portent lorsque nous en avons besoin et rien que leur présence suffit à se sentir mieux.
Donc une fois l'origine du mal connue, le traitement posé, il ne suffit plus qu'à s'y astreindre le plus sérieusement possible pour revenir au plus vite sur le vélo. Dans la plupart des cas en tant que sportifs les délais donnés par les toubibs sont réduit pour la reprise du sport que l'on aime tant...!
Il y a aussi un état d'esprit que l'on doit toujours avoir dans ce genre de situation, le corps humain est formidable et quand bien même nous sommes au fond du trou mentalement et ne voyons aucune issue à une éventuelle possibilité de reprise du vélo, il reste toujours une solution... Parfois cela demande du temps, beaucoup de temps, mais la reprise est possible quasi toujours ! Il est important d'être positif en toute situation même la plus désespérée qui soit, cela apporte une énergie au corps qui le ressource et le régénère. C'est aussi bien souvent dans ces moments-là que l'on se pose des questions existentielles, savoir ce que l'on veut vraiment faire de sa vie, où on en est, c'est un électrochoc qui permet de prendre des décisions importantes que l'on n'arrive pas à prendre lorsque nous sommes pris dans la routine qui nous happe et nous anesthésie. Le confort dans l'inconfort de la vie quotidienne, paradoxe qui une fois posé est évident pour celui qui se pose les bonnes questions...!!
Il est aussi important pendant cette phase plus ou moins longue de ne pas se laisser aller, sur la nourriture par exemple, car  ne pratiquant plus aucune activité physique les kilos se prennent très très  vite et lors de la reprise on regrette de suite, mais tout de suite, d'avoir mangé avec excès, alors vient un sentiment de culpabilité qui ne fait pas avancer dans le bon sens .



La reprise

Quel soulagement lorsqu'on arrive à cette étape, mais suivant la durée de la coupure, en général après un mois d'arrêt complet de sport, on perd quasi toutes les capacités physiques si durement atteintes à coup de roulage et d'entrainement.
La masse musculaire s'est transformée en graisse, les capacités respiratoires ne sont plus qu'un vague souvenir, et surtout il faut réapprendre à rouler car les automatismes ne sont plus là.
Le plus dur est d'accepter que dans sa tête on a encore les mêmes capacités physiques qu'avant la blessure, mais que le corps, lui, les a perdues.
Le mieux est de reprendre seul à son rythme sans avoir à subir celui de ses potos de sorties qui eux n'ont rien perdu de leurs capacités... les enfoi'és !
Les sorties devront être faciles, courtes et sans difficultés, mais c'est tellement bon de pouvoir à nouveau sentir le vent sur son visage, respirer à pleins poumons, se sentir essoufflé, faire un effort physique, transpirer, une vraie renaissance !
Ne surtout pas brûler les étapes et faire des sorties progressivement plus dures, toujours seul pour ne prendre aucun risque.
Pour mon dernier arrêt de plus de 6 mois sans pouvoir pédaler j'ai mis plus d'un an pour retrouver de bonnes sensations, c'est le prix à payer, il faut l'accepter et faire avec. Faire abstraction de se faire larguer dans les côtes par des gars que tu fumais systématiquement avant, c'est dur mais ne pas oublier de rester humble en toute situation.
La reprise mentale est tout aussi laborieuse que le physique, l'un ne va pas sans l'autre, la chute a installé des verrous psychologiques qu'il va être difficile de faire tomber. La peur de se faire mal à nouveau, de devoir tout reprendre à zéro, cela bloque la bonne énergie nécessaire pour être libre et fluide sur son vélo. Faire des ateliers techniques faciles peut être une bonne solution, en augmentant progressivement les difficultés, cela  permet de faire sauter un à un les verrous inhérents à la chute.
Ne pas se forcer, y aller à son rythme est capital il est important de bien sentir les choses.



Conclusion

La blessure n'arrive pas qu'aux autres, nous y passons tous.
D'abord accepter le fait d'avoir fait une erreur et de s'être blessé.
Dans les autres cas, poser le bon diagnostic, en gardant toujours à l'esprit qu'une solution existe, il suffit juste de trouver la bonne personne pour y arriver.
Ne pas se laisser aller, garder une bonne énergie et vitalité en toute situation qui facilitera la reconstruction.
Reprendre le vélo seul et progressivement sans brûler les étapes.
Se débloquer mentalement en faisant de petits ateliers pour reprendre sa confiance perdue.


Bon ride à tous et à toutes..!










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