Les sentiers en montagne, qui abîme quoi ?




Je pratique le vtt en haute montagne, je passe tous les étés principalement dans les Alpes Italiennes, Suisse et Française, un peu moins dans les Pyrénées. C'est une véritable passion, et toute ma vie est articulée autour de cette pratique. J'adore monter avec mon vtt sur le dos pour atteindre un sommet et ensuite pouvoir faire la descente en étant le plus fluide possible, passer propre avec le beau geste en pouvant jouer avec le terrain. Dans les faits cela n'est pas toujours possible, car cela demande un gros physique que je n'ai plus, une technique et un sens de l'équilibre parfait en toutes situations, là encore j'ai des lacunes !

Lorsque le sentier est une pépite, c'est énormément de plaisir à rouler. Et comme j'ai beaucoup de respect pour ces environnements, je m'efforce d'avoir le moins d'impact possible lors de mon passage. D'autant qu'un sentier demande de l'entretien et je respecte beaucoup ce travail.

Je vais essayer de développer un peu ce sujet que j'affectionne particulièrement. Et comme je fais très souvent des aller retour, j'ai le temps de bien regarder les sentiers lorsque je porte ou pousse mon vélo !




Les sentiers en haute montagne et montagne, qui abîme quoi ?

Il faut déjà poser les bases pour que tout le monde soit en phase ( étape éminemment difficile pour moi de retranscrire ce que je ressens avec des mots ! )

Il faut déjà être bien raccord sur la nature et l'humain

  • Soit on associe l'humain à la nature, et on considère que c'est un tout indissociable. Il en découle que toute création de l'homme est naturelle !
  • Soit on dissocie la nature de l'humain, dans ce cas toute création de l'homme n'est de ce fait pas naturelle, personnellement je suis davantage en phase avec ce raisonnement, je vais donc développer dans ce sens.

L'idée n'est pas d'être pour ou contre, mais bien de faire la part des choses.

Donc lorsque l'on parle de sentier en montagne il s'agit d'une création humaine et donc non naturelle. Par voie de conséquence lorsque l'on dégrade un sentier, on dégrade une nature déjà abîmée par l'homme. 

Je pose donc la question, vous souhaitez ne pas abîmer la nature ou les sentiers ?

Cela n'est pas exactement la même approche.

A la base les sentiers étaient utilitaires, ils avaient une fonction bien précise. Amener les animaux en estive, passer dans une autre vallée pour y vendre/ acheter des biens.

Aujourd'hui tout cela est révolu et les sentiers sont consommés de façon récréative et dans un but de loisirs personnel. J'inclus bien évidemment toutes les pratiques, marche, vtt, cheval, trail, alpinisme... . Il reste encore le pâturage en estive, mais cette pratique sans pistes d'accès pour les véhicules se perd.





Pourquoi les sentiers se dégradent, comment ?

Comme déjà vu, un sentier ne se crée pas naturellement, il est l'œuvre de l'homme, les animaux sauvages créent des sentes, par leurs passages répétés mais cela n'est pas suffisamment intrusif pour modifier le sol.

Le bon maintien d'un sentier dans le temps dépend de la nature du sol ( friable ou pas), des intempéries, des mouvements de sol ( les moraines poussent fort le sol ! ) et bien évidemment de sa conception. En effet, si celui-ci est juste tracé et creusé dans la terre, même sans passage, l'érosion va vite le détériorer. C'est le pourquoi des renvois d'eau, ces pierres plates positionnées en travers pour évacuer l'eau vers le côté du sentier cela peut être sous bien d'autres formes.






Un sentier qui vit c'est qu'il a une utilité, sinon il se referme et disparaît. Il devra également avoir un entretien, et là on entre dans un sujet économique car cela à un coût ( énergétique et/ou financier).


Donc pour identifier les origines des dégradations de sentier, la première est bien sûr sa fréquentation.

Les sentiers de randonnées en montagne, sont aujourd'hui assez prisés, cela s'est d'ailleurs amplifié depuis le covid. Je passe tous mes été en montagne un peu partout dans les Alpes, un peu moins dans les Pyrénées et c'est assez flagrant, il y a beaucoup de monde !

Difficile de quantifier, mais en vallée d'Aoste sur l'alta via 1 et 2 qui font le tour en passant par des cols cela représente des milliers de marcheurs chaque année ! Et si on regarde des vallées comme celle de Chamonix, là on peut vraiment parler de sur fréquentation !

A contrario, si j'essaie d'évaluer le nombre de vttistes qui portent leurs vélos pour faire des sommets, c'est pas compliqué je n'en croise jamais ! C'est vraiment une pratique de niche qui doit représenter quelques passages par an par sommet ou col. D'autant que cette pratique ne se fait que quelques mois par an, car le reste du temps c'est sous la neige. 





Alors oui un vtt à un impact sur un sentier, tout comme un marcheur , ce qui fait la différence c'est le nombre !! J'ai constaté que l'on soit sur un sentier 100% marcheurs ou bien 100% vtt la forte fréquentation donne au final un résultat assez similaire à savoir des traces et coupes dans tous les sens ( j'ai beaucoup d'exemples en tête), des sentiers bien creusés. L'humain reste humain qu'il soit à pied ou à vélo.

Donc qui abîme quoi ?

J'ai le problème inverse en Ardèche, très peu de passage et les sentiers se referment, je dois donc en faire l'entretien pour passer en vtt. Je dégrade la nature mais nettoie les chemins.

Cette année il y a eu de grosses périodes de pluie un peu partout en Europe et notamment des orages très violents, résultats, de gros dégâts dans certaines vallées comme celle de Cogne où les dégradations sont impressionnantes ! Ponts arrachés, glissements de terrain amenant les routes, sentiers...  

Cela permet de relativiser et mettre notre impact à sa place sur cette échelle de grandeur.





Donc qui abîme quoi ?

Je dirais que, dés lors qu'un accès existe, sentier, piste, route, télécabine il y a du passage et forcément une dégradation des sentiers. 

Donc pour éradiquer cela, il suffit de ne pas créer d'accès aux sommets, Cols.... et le problème est résolu !

 Plus l'accès est rendu facile pour tous ( piste, télécabine, route, parking, refuge.....), plus la fréquentation est grande et forcément plus la dégradation est importante. A contrario si un sommet est accessible uniquement en traversant toute une vallée d'une dizaine de kilomètres, puis ensuite les kilomètres pour le sommet, en général on est bien tranquille et on ne croise personne de la journée 😁


Il y a bien évidemment encore beaucoup à dire sur ce sujet, notamment si on commence à parler des stations et leurs dérives, de l'élevage intensif, du tourisme de masse.....

Alors, qui abîme quoi ?

Bon ride à toutes et à tous 




Commentaires

  1. Salut Pascal,

    Entièrement d'accord avec ton approche.
    Et je te confirme la sur-fréquentation dans la vallée de Chamonix. C'est affolant et c'est à vomir.
    Nous étions aux Contamines cet été, première fois qu'on vient dans ce coin. Ca nous a fait un choc de voir autant de monde, et surtout de voir le nombre de personnes qui ne respectent rien !
    On est loin des montagnes sauvages que l'on fréquente habituellement...
    A plus petite échelle, la forêt que je fréquente à l'ouest de Rouen est aussi victime de nuisances, et on assiste de plus en plus à des dépôts sauvages qui barrent l'accès aux sentiers.
    Je m'éloigne un peu de ton sujet initial, mais tout ça pour dire que l'action humaine est souvent néfaste et vient contrarier toutes les bonnes volontés qui entretiennent tout au long de l'année.

    Bon ride à toi.

    Olivier

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    1. Salut Olivier, pour la vallée de Chamonix ( enfin les montagnes, je ne connais pas la ville ) je l'aime autant que je la déteste. Il y a une densité de supers sentiers incroyable, mais il faut accepter d'être comme dans une grande ville. Cela me fait un petit rappel à chaque fois de ma non compatibilité avec les villes !

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