Petit vélo de montagne

Pourquoi changer  ?


L'envie est venue tout doucement au fil des sorties avec ou sans les potes. La Mule est un fat sur lequel on a poussé tous les paramètres à fond pour voir ce que cela donne sur le terrain. Yann de Salamandres cycles m'a permis de tester les limites du fat, et bien entendu les miennes aussi !
Je me suis un peu "enfermé " dans une pratique de niche et me suis retrouvé à rouler seul car plus personne ne voulait rouler avec moi...! Au début pas de problème puisque je voulais vraiment trouver ces fameuses limites, une fois atteintes j'avais la sensation de tourner en rond car les terrains exigeants sont en fait assez rare et souvent peu accessibles. Une lassitude s'est installée et surtout l'envie de découvrir d'autres sensations et de les partager avec les potos 😊 Mon physique décline également, j'ai de plus en plus de mal à récupérer et la Mule étant équipée pour envoyer du gros son poids est forcément en adéquation.....
Le fat passe partout mais ne procure pas de super sensation sur le roulant, seul cela ne me pose pas de problème mais avec des skinny c'est fatiguant en montée et ennuyeux en descente. Le fat est formidable pour progresser techniquement, il repousse très loin les limites tout en étant rassurant ! J'ai roulé plus de 6 ans exclusivement en fat et cela m'a permis de bien progresser techniquement, maintenant que je roule en skinny je sens bien la différence. Les petits pneus demandent beaucoup plus de précision dans le placement de la roue avant et surtout ne pardonnent pas grand chose... mon coude s'en souvient encore !! Le fat enroule, englobe, efface les cailloux, dévers ou autres joyeusetés et permet de passer sereinement beaucoup de passages techniques.
C'est en roulant avec Joël Dunkl que l'idée m'est venue.... et pourquoi pas un 29 semi rigide  ?
Joël roule sur son vélo fabriqué pour le cdm ( concours des machines ) et s'implique fortement pour le développement de sa vallée d'Aure dans les Pyrénées.
En le suivant dans les descentes cela m'a tout de suite semblé évident que je devais tester le skinny.
Je suis parti sur un 29, car pour mon utilisation le grand diamètre des roues est un réel avantage et de toute façon je préfère de loin le 29 au 26.
J'ai regardé ce qui existait sur le marché et rien ne correspondait  à mon cahier des charges, certains s'en rapprochaient mais étaient hors budget ! Et à ce moment-là je n'étais sûr de rien, ce format de vélo pouvait très bien ne pas me convenir, d'où l'idée de le faire moi même dans l'atelier de Salamandres après discussion avec Yann.
Le projet est tout de suite devenu excitant et fabriquer son propre cadre.... ben c'est juste magique  😍





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La géométrie


Là j'ai pas mal cogité et regardé les géos actuelles, je ne souhaitais pas une reproduction de la Mule car trop extrême mais garder  la position de pédalage qui est parfaite et ne me procure aucune douleur même sur du long.
Le soucis pour Yann et moi était d'intégrer une suspension à l'avant ! Déjà je ne savais pas quelle hauteur prendre, mais finalement une 120 mm s'est avérée être le meilleur choix pour ma pratique, j'avais surtout peur d'avoir un vélo qui plonge de l'avant et que je parte en OTB !
Intégrer ce fichu sag dans la géo ne fut pas évident puisque cela modifie tous les paramètres de la géo.
Nous sommes partis sur 20% de sag qui semble être la norme, mais une fois sur le terrain cela ne me convenait pas du tout. Au départ j'ai mis zéro sag, j'ai pas mal roulé comme ça jusqu'au jour où j'ai roulé dans les escaliers d'Arnad dans la vallée d'Aoste, et là je me suis fait balader et j'ai subi le terrain. Après réflexion, j'ai opté sur un manque de sag et je devais chercher les réglages adaptés à ma pratique. J'ai donc tout modifié et je pense avoir trouvé les bons réglages, j'ai du sag, peu mais suffisamment pour garder la roue avant au sol, ce qui est la principale fonction des suspensions, le confort je m'en moque complètement ou tout du moins je l’acquiers d'une autre façon, avec la géométrie et les pneus notamment.






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La fabrication

C'est à la fois génial et déconcertant de fabriquer son cadre la première fois. Sans l'aide de Yann le projet n'aurait jamais abouti, c'est un travail qui requiert beaucoup de compétences et de rigueur !
La partie soudure a été une épreuve pour moi, la soudure au TIG demandant beaucoup de minutie et une bonne vue, cette dernière me faisant défaut depuis quelques temps et souder à l'aveugle est quelque peu agaçant voire bien énervant... mais la fiabilité du cadre en dépend et je devais quand même y arriver. Après 6 mois d'utilisation en montagne le cadre est toujours intact  !




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Le montage


J'ai glané de ci de là du matos fiable et dans mon budget :

• fourche Fox 34 Performance en 120 pour e-bike (lourde mais sans doute plus fiable, enfin je l'espère !) et une Suntour Aion en 120 qui fonctionne bien aussi.
• freins Shimano xtr avec disques ice tech en 203 et 180.
• roues montées avec mes petites mains, mes premiers montages d'ailleurs ! Cercles Arch, j'ai longuement hésité sur la largeur interne des jantes, je suis parti sur du 26 mais après roulage en montagne j'ai opté pour un second set de roues avec des jantes en 35 et des pneus en 2.6. Après plusieurs mois d'utilisation j'ai changé les Arch pour des jantes en 35 et 32 interne car je préfère de loin le travail des pneus.
• moyeux Hope pro 4 en 142x12 et montage avec offset de 7mm pour avoir une bonne ligne de chaîne, pouvoir monter du gros pneu et surtout avoir les bases les plus courtes possible, 400 mm dans ce cas.
• pneus Hutchinson griffus en 2.5 et 2.4, là c'est avant tout le made in France qui a été déterminant dans mon choix, qui s'est avéré judicieux car ils ont parfaitement fait le job.
• La seconde paire de roues est montée avec jantes de 35 mm interne et pneus WTB Vigilante et Trail Boss en 2.6 qui sont lourds (1350 g et 1250 g) mais ont un super comportement, notamment sur le mouillé, je ne roule plus qu'avec ces pneus d'ailleurs, ils sont plus sécurisants sans être trop pénalisants sur le roulant.
• J'ai mis une mousse dans le pneu arrière, l'arrière est soumis à rude épreuve et pour ne pas tout casser la mousse est indispensable. Vu le prix des mousses j'ai essayé avec des frites d4 de piscine que j'ai taillées et installées dans le pneu. Cela a bien fonctionné, juste un pincement et encore sur la fin de vie du pneu. Au démontage la mousse était détruite et en petits morceaux ! Les valves traditionnelles ne fonctionnent pas avec la mousse, difficile de dégonfler le pneu. J'ai donc essayé des mousses prévues pour et surtout fournies avec des valves spécifiques, des Barbieri, un modèle pas trop cher. La densité est la même que les frites, et ces mousses semblent aussi se détériorer aux impacts, à ce jour je n'ai pas encore démonté le pneu pour voir. J'ai par contre essayé autre chose sur l'autre roue à savoir une frite découpée au plus juste du diamètre du pneu et l'ai entourée de scotch pour voir si cela lui permet de garder une certaine consistance dans le temps.
• pédalier Middleburn que j'avais démonté de Lara, montage avec plateau de 22 dents puis 20, avec narrow/wide perso 😂
• transmission 11v afin de monter une grosse cassette genre 44 dents. J'ai pris du Shimano pour leurs dérailleurs qui ne dépassent pas trop du cadre. J'ai mis un 12v qui permet de monter un tout petit plateau et une grosse cassette, avec le 11v la chaîne est trop tendue sur le grand pignon et pas assez sur le petit. Le 20x44 me permet de monter de bons radars en montagne sans trop me fatiguer, et encore, parfois j'aimerais avoir un pignon de 48 😂

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Et comment il roule  ?


Au début la géométrie ultra courte du cadre m'a surprise, enfin les premiers mètres sur le plat car dès que la pente s'élève la magie opère, plus besoin de faire du bec de selle pour passer les fortes pentes 😊 Avec l'avant plus haut que la Mule je pensais galérer en montée et en fait ça passe plutôt bien, après il n'y a pas de miracle le grip n'est pas du tout au rendez-vous comme sur le fat. En montée il faut s'appliquer, bien choisir ses trajectoires et lutter pour trouver de l'adhérence, mais je savais que j'aurais un temps d'adaptation avant de m'habituer aux petits pneus. Les trajectoires ne sont plus les mêmes et je dois vraiment faire attention où je pose ma roue avant sinon la sanction est immédiate, c'est ce qui a été le plus dur à gérer au début. Je roulais comme avec le fat, c'est à dire sans trop me soucier du terrain, et je perdais sans arrêt l'avant....
La géo ultra compacte du vélo est très plaisante à rouler, c'est un vrai jouet 😊 Mais il garde une bonne stabilité à basse et haute vitesse (enfin c'est relatif, puisque je ne roule pas très vite !). Je peux également engager de fortes pentes sans appréhension malgré une chasse moyenne à 65 au repos. La compacité me permet de bien charger l'avant naturellement sans avoir à m'avancer, cela me permet aussi de ne jamais être gêné par la selle avec seulement 150 mm de débattement sur la tds. Sur la Mule même tds baissée à fond dans le cadre, ce qui correspond environ à 170 mm, je suis gêné dans certaines situations.
C'est un vélo de montagne, donc bon en montée et en descente, sur le plat il roule bien sûr mais la position et les développements ne sont pas adaptés.





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Quelles différences avec le fat ?


Le griiiiipppppp !!!!!
C'est incroyable la différence, je m'étais habitué au fat et la transition a été brutale !
A faible vitesse les petits pneus butent beaucoup plus sur les cailloux ou racines, il faut sans cesse soulager l'avant pour passer, alors que le fat absorbe toutes les aspérités du terrain. Ensuite, en allant plus vite, la suspension fait son travail et cela passe bien.
Le Pvm (p'tit vélo de montagne) est plus aérien que le fat, je me fais surprendre dans certaines situations où le vélo décolle plus que prévu, ou bien c'est l'inverse ! En fait je n'étais pas du tout habitué à rouler avec une suspension, je ne l'utilise pas suffisamment. En rigide la réaction du vélo est toujours la même en montée comme en descente, aucune surprise possible. Mais la suspension génère des effets qu'il faut anticiper ou tout du moins connaître avant. Je suis en phase d'apprentissage, je n'ai pas encore roulé tous les types de terrain, mais je m'amuse et c'est l'essentiel  😊
Une fois bien réglée, la suspension est vraiment efficace, heureusement que je n'ai pas d'amortisseur à l'arrière sinon je pourrais lâcher les freins et là cela deviendrait dangereux ! Enfin moi j'estime que la vitesse est dangereuse en vtt. J'ai connu ça en moto où seule la vitesse me plaisait, j'avais des parcours sur petites routes où je passais de plus en plus vite. Cela s'est bien évidemment fini par terre à plusieurs reprises, une fois toutes mes vies utilisées j'ai arrêté avant d'aller trop loin ! Je n'ai donc pas envie de reproduire la même erreur à vtt. D'autant que je prends bien plus de plaisir à faire de beaux franchissements ! La vitesse induit une attitude que je ne souhaite pas utiliser,  j'ai vu arriver l'enduro et avec lui toutes les dérives qu'il engendre, à savoir rouler toujours plus vite, et surtout faire un chrono et ce quelle que soit la méthode... J'aime aussi aller "vite" mais toujours dans la maîtrise, si je passe cette limite je freine tout simplement. Rouler vite pour rouler vite n'a aucun sens à mes yeux, monter 3 heures pour descendre en 20 min est une aberration, c'est déséquilibré ! Enfin je n'aime pas quoi .
Le fait de ne plus avoir à contrôler et ajuster régulièrement la pression des pneus est sympa également, surtout en montagne avec de grosses variations de température et d'altitude !
Par contre j'ai un peu "l'angoisse" de la panne de la fourche ou de la tige de selle qui sont hydrauliques et forcément sujettes à panne...!